Regard sur l’image

Accueil > Français > Les mots des images > Libres interprétations > La terre nous porte

- La terre nous porte

,  par Hervé BERNARD dit RVB

La terre nous porte

Avec cette série, Christelle Westphal invente le rituel terrien du portrait. Chacune des personnes se transmet une coiffe végétale, pas toujours la même et pourtant semblable. Cette coiffe, elle est à la fois racine et branche. Les racines des arbres existent, elles sont dans le ciel, ramures et racines ne font qu’un. L’un ne peut exister sans l’autre, nous ne pouvons exister sans elles.

À la croisée de la sculpture, de la photo et de la vidéo, cette série ‘’ré-introduit’’ la main dans l’image photographique, la main trace de sa fabrique, la main qui porte la coiffe pour la déposer sur son réceptacle : notre tête comme le montre le merveilleux regard endiablé de la vidéo Port Rex. Cette coiffe, nécessairement de fabrication manuelle, avec le film Ebor Eénipop souffle des voyages, évoque les liens entre le travail, le vêtement, le paysage et l’humain.

La terre nous porte et nous portons la terre, ces œuvres réaffirment notre présence à la terre, elles nous réintroduisent dans le monde : le vrai. L’homme, le langage et le monde sont les fruits de la construction d’une symbiose fondée sur des actions-rétroactions. Ces actions-rétroactions conditionnent une impossibilité à déterminer les antériorités ou les prééminences. La terre est notre enfant et nous sommes les racines de la terre.

La Terre nous porte, nous portons la terre
@ Christelle Westphal 2024

Avec cette coiffe nous nourrissons la terre, notre relation à la verticalité et notre rapport au ciel. Elle nous lie au vivre ensemble. Vivre avec la nature est vivre avec les autres, ces deux-là sont intimement liés. Parfois embarrassés par cette coiffe-lien du ciel et de la terre, tel le lierre, elle fait de nous les racines de la terre. Bien loin de nous réduire à une personne végétale ; nous ancrant dans la terre, cette coiffe nous métamorphose en terrestre-terrien, elle nous humanise, nous connecte à la vie.

Une série n’est pas la répétition de la même chose, cette affirmation, Christelle Westphal, l’approfondit par le dépouillement technique de son travail et la simplicité de la mise en scène et, par ou à cause de la participation du sujet photographié. La trace de la photographie, l’empreinte de la vidéo.

La Terre nous porte, nous portons la terre
© Christelle Westphal 2024

Notre Terre qui êtes au ciel

Naître coiffé en épi, par dépit, en dépit de l’anthropocène.
Connecté à la terre et au ciel,
En vert et contre tout,
La rocaille du végétal absorbé.

Une coiffe végétale, miroir aux alouettes de la ressemblance,
Un miroir atone dans un silence de cathédrale maritime.
La dépose de la coiffe coiffante dans le champs de l’indifférence.
Le sacre sacré du végétal.
Le lien du lierre, le lierre du lien
des plantes et des Humains.

© Hervé Bernard 2024

La Terre nous porte, nous portons la terre
© Christelle Westphal