De nombreuses expressions littéraires ou verbales sont construites autour de la ressemblance. Certes, parfois cette ressemblance est totalement fictive comme le montre le levé de soleil. Faudrait-il encore définir cette fiction qui est elle-même une image très souvent construite autour de l’anthropomorphisme. Au centre de ces expressions, cet anthropomorphisme est une image visuelle qui parle de la ressemblance avec nous-même car nous observons le monde depuis notre point de vue. Est-il la résultante de notre difficulté à explorer le monde depuis un autre point de vue ? Si c’est le cas, cette difficulté est illustrée par la Science-Fiction et le peu de roman (et à fortiori de films) qui adoptent un point de vue autre que celui d’une communauté humaine, aussi tordu soit-il.
Cet anthropomorphisme, on le retrouve dans l’expression française : « Cela se voit comme le nez au milieu de la figure ». Réputée désigner une évidence, on en oublie que cette expression aurait pu choisir la référence de l’évidence du regard, des yeux ou de la bouche… Certes, le nez est le relief le plus proéminent du visage. D’où peut-être son évidence. Ce genre d’évidence, nous amène à l’expression « Avoir l’air de…. » expression bien étrange car s’il y a bien quelque chose qui ne ressemble à rien, c’est bien l’air…
Dans certains cas, cette image est très riche. Ainsi, se précipiter et un précipité sont deux mots images. C’est en se précipitant que l’on précipite son désir dans le précipice. Tout comme le précipité d’un liquide tombe au fond du récipient. De là, la nécessité de prendre son temps et de se hâter lentement. Car à trop se précipiter, on tombe à terre.
Malgré notre oubli général de l’étymologie, le langage comme image est, lui aussi, d’une vérité criante comme le montre l’os sphéroïde (en forme de papillon) qui désigne l’os des orbites, os qui n’est pas sans rappeler la forme des ailes d’un papillon si l’on se réfère à la symbolique animale.
Les chineese whisperers américains, équivalent de notre téléphone arabe, sont probablement comme le téléphone arabe, le miroir de nos peurs de l’autre. Curieusement, les américains n’ont pas eu, jusqu’il y a peu, peur d’une invasion par les peuples d’Amérique Latine pourtant bien plus proches que les asiatiques qui, à l’opposé des arabes pour l’Europe, n’ont jamais envahi l’Amérique du Nord si l’on se réfère à l’histoire ce pays. En effet, s’il en fut autrement dans des temps immémoriaux, ce fut à l’échelle continental et non à l’échelle de l’histoire de la Nation étatsunienne que cette invasion eut lieu. Cependant, les arabes et les chinois ont un point commun, ils sont situés de l’autre côté de la mer. Suffisamment loin et suffisamment proches pour exciter les fantasmes sans paraître trop dangereux.
Dans un autre registre, les mots miroirs et les mots tiroirs sont des mots images. Et l’on arrive à l’écrivain et l’écrit vain sans oublier les cris vains. Comment voulez vous après un tel lapsus que les métiers intellectuels soient correctement rémunérés en France ! quant à la vie d’ange, il ne faut pas la confondre avec la vidange… on notera que l’anagramme de rétine est entier, que celui de la vitre est la vérité (en phonétique), vérité bien souvent transparente au point que l’astigmate ne la voit pas. Astigmate qui, devient lui-même la stigmate d’une vérité pleine de défauts à tel point que le sceptre de la vérité se transforme en spectre…
Pour rester dans ce registre tout en retournant chez nos voisins britanniques, un sizzling steak est un steak bien chaud tandis qu’un sizzling stake est un bûché bien chaud. De là à croire que le premier est issu du second et est par conséquent le miroir de nos anciennes coutumes cannibales plus ou moins imaginée, il y a un pas que je n’oserais franchir…
Et on arrive à « La chair du prêtre, lieu où il prêche la parole du Christ qui s’est fait chair (humaine) pour notre rédemption. ». Cette chair ne raconte pas la même histoire en français et en anglais. En effet, cette histoire là n’existe pas en anglais. Et pour rester dans le religieux sans quitter les différences ou différents franco-anglais, le fou des échecs français devient, en anglais, l’évêque.