Les réponses à cette question varient avec la définition de l’écriture. Celles-ci se classe en deux catégories : les définitions en fonction de l’utilité et les définitions en fonction du mode de fonctionnement.
Définition de l’écriture par son utilité
« L’écriture sert à empêcher que ce qu’on fait les hommes avec le temps ne s’efface de la mémoire. » Cette définition d’Hérodote correspond tout aussi bien à l’image figurative qu’à la représentation. En effet, comme l’ont montré les portraits, les paysages à travers l’histoire de l’art, l’image est, elle aussi, une trace pour lutter contre l’oubli. Même l’image abstraite occidentale a cette fonction de trace, trace d’une émotion, d’un sentiment mais, de par sa fonction de trace, elle lutte contre cet oubli destructeur. N’oublions pas que, en 785, peu avant Nicée, le Pape Hadrien Ier demande à l’impératrice Irène et à son jeune fils Constantin IV, de rétablir le culte des images à Constantinople. Pour cela, il s’appuiera sur la vénération, dans la tradition grégorienne des images comme memoria de l’histoire du Salut.
Cependant, on peut s’interroger sur la définition de l’écriture donnée par Hérodote. Celle-ci est restrictive car elle semble exclure toute création en transformant l’écriture en simple technique d’enregistrement. Ici, l’écriture serait donc un miroir, une trace de l’action humaine. Ce miroir en fait-il une image ? L’écriture comme reflet, comme miroir de l’action humaine ?
Autre définition de l’écriture selon son utilité, celle du professeur Lévy-Alvares dans son livre le Livre du bon langage paru au XIXe où il décrit l’écriture comme un ensemble de signes visibles pour communiquer. Là encore, l’image est une écriture. En effet, même le portrait correspond à cette définition. De fait, un portrait est un ensemble de signe pour communiquer un souvenir.
Définition de l’écriture par son mode de fonctionnement
De nombreuses définitions du fonctionnement de l’écriture rendent les liens avec l’image encore plus probant. C’est le cas de l’écriture sumérienne, à base d’idéogramme (3400 av JC), des écritures mixtes comme les hiéroglyphes (3150 av JC) qui mélangent pictogrammes, idéogrammes et phonogrammes[signe correspondant à des sons]. Toutes ces définitions de l’écriture font indubitablement de l’image une écriture.
Quant à la définition de l’écriture comme un système syllabique qui fait correspondre aux signes des phonèmes comme le système des kanas japonais où chaque symbole renvoie à une syllabe conforte ce lien entre l’écriture et l’image. En effet, le symbole, cet objet cassé en deux que l’on raboute afin de prouver que nous sommes bien les personnes que nous prétendons être est, lui-même une image.
Seule la définition de l’écriture comme un ensemble de signes alphabétique affirme que l’écriture n’est pas une image. Cette définition qui est aussi la définition la plus restrictive car elle exclut les hiéroglyphes, les écritures cunéiformes (…) et bien entendu l’image. Cette définition, à travers cette rubrique : Le mot est image, nous allons tenter de montrer qu’elle est beaucoup trop restrictive.
© Hervé Bernard 2008,