Regard sur l’image

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- Des Idées et de la gratuité

,  par Hervé BERNARD dit RVB

La suppression des droits d’auteurs et la gratuité des contenus fait le jeu de la publicité, car elle donne à la publicité la place d’unique financier de la création. Or la publicité, pour parler clairement n’est intéressée que par les créateurs déjà reconnus, puisqu’ils sont les seuls qui attireront des visiteurs et produiront du “clic”. En effet, pour phagocyter la célébrité et/ou l’image d’un créateur, un préalable est nécessaire : sa célébrité. A quelques exception près, je le dirais ainsi par précaution, la publicité, n’a jamais permis à un créateur d’émerger, elle a permis à quelques créateurs déjà reconnus de survivre, ce qui n’est pas la même chose. Parmi ces phénomènes (de foire ?), nous citerons le jeunisme ou la mise en épingle d’une minorité. Par ailleurs, comment un Albert Camus, pour ne citer que lui, pourrait être financé par la publicité ?

Laisser croire que la création ne peut être financée que par le mécénat et la publicité est un pieux mensonge. En aucun cas, la liberté de créer - au sens noble, c’est-à-dire avec toutes les responsabilités que cette liberté engendre - ne peut dépendre du marketing qui gouverne le mécénat comme la publicité. Pour cela, il lui faut un financement autonome et le droit auteur est l’un d’entre eux à moins de ne revenir au financement par un “prince éclairé”.

La gratuité, c’est du vol et, avec la gratuité de la création intellectuelle, on est entrain d’assister à l’une des plus grandes opérations de cambriolage de l’histoire de l’humanité. Qu’elle serait la réaction des boulangers si, demain, le gouvernement proclamait la gratuité du pain et de la pâtisserie ? Il serait en colère et ils auraient raison face à cette spoliation. À moins d’une inégalité de traitement rétrograde, rien ne justifie qu’il y ait deux poids et deux mesures.