Regard sur l’image

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- Envahissement par l’image, est-ce bien certain ?

,  par Hervé BERNARD dit RVB

On nous rabat les oreilles avec l’envahissement par l’image mais est-il bien certain que l’image soit le seul média omniprésent ?

La musique
La musique n’est-elle pas tout autant omniprésente ? On la retrouve dans la rue pendant les quinzaines commerciales et, dans certaines bourgades de province, toutes les semaines, le jour du marché pour créer de l’animation ou mettre de l’ambiance —selon lesversions— ; diffusée en permanence dans de nombreux supermarchés et dans les ascenseurs où elle apaiserait l’angoisse. D’autres vous expliqueront qu’elle monte et descend pour créer une ambiance dans ces endroits totalement impersonnels où la communication se réduit à utiliser les parois pour vendre quelques prestations situées dans l’hôtel ou la résidence desservi par ledit ascenseur.

À ces lieux de diffusion répertoriés depuis la fin des années soixante-dix viennent maintenant s’ajouter la musique émise en permanence par les i-pods et autres téléphones portables en attendant la prochaine innovation qui sera, bien entendu, présentée comme Le remède à tous nos maux.

Des envahissements portés par la technologie
Ces envahissements technologiques sont plus particulièrement présentés comme des outils de prolongement de notre intimité, voire de transport de notre intimité. Il en est ainsi de l’automobile, du téléphone, des walkmans... En fait, ils sont à l’opposé de cette protection. Faut-il s’entendre sur le sens du mot intime et son corolaire fondamental ; accepter d’être seul, seul n’est pas solitaire. Nuance un peu complexe pour une société simpliste.

D’ailleurs, ces mêmes outils sont les vecteurs de l’envahissement de notre sphère privée par le travail. On pourrait ainsi parler de l’envahissement technologique... Cette disponibilité de la technique dans nos loisirs ne serait-elle pas un leurre destiné à préparer le terrain de cet envahissement de nos loisirs par le travail ?

Il se pourrait bien que cet envahissement plutôt que d’être une caractéristique de l’image soit un symptôme, voir un syndrome de notre société. En effet, celle-ci, sous le prétexte d’annihiler notre ennui réduit notre sphère privée, notre intimité à une peau de chagrin. Outre les vertus de l’ennui, notre société a oublié que la seule personne capable de curer notre ennui, c’est nous-même. Et quand je parle de curer, c’est aussi bien dans le sens de soigner que dans le sens de nettoyer les fosses adjacentes aux latrines.

La limite
Ces différents envahissements nous amènent à poser la question de la limite. Les mathématiciens nous disent, —et, en cela, la société de consommation les a rejoints depuis bien longtemps— que les limites tendent vers l’infini. D’où cette omniprésence de l’omniprésence. De fait, nous sommes dans la société de l’omniprésence, de l’omnipotence du travail, de l’image, de la musique... Tous ces envahissements sont accompagnés par une prétention à l’ubiquité don de Maman technologie. Cette mère de substitution sensée, en comblant notre solitude, se substituer à cette Mère qui n’est plus là ou n’a plus le temps de s’occuper de nous ; voire Maman télé qui se substitue si bien à nos parents.

Mais, au fait de quel intime parle-t-on ?