Regard sur l’image

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- Les photographes ? Tous des idolâtres !Image et réel

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Donc les photographes sont des idolâtres ! Bien entendu puisque la photographie c’est le réel comme disait nos chers amis Roland, Henri et Robert. Robert, déjà un peu plus malin ou mutin que les autres, se plaisait malgré son discours, en faisant poser ses mannequins, à plier le réel à ses désirs afin d’être certain que la photographie représente son réel à lui...

Eh oui, si la photographie est une preuve alors comme l’idole l’affirme, le réel et l’image sont confondus tout comme le prêtre vaudou et ses fidèles considèrent que l’image et le réel sont indivisibles. Quant aux orthodoxes, ils pensent que l’icône et le représenté ne font qu’un.

En effet, les premiers croient pouvoir blesser ou régénérer la personne représentée par la poupée dont l’efficacité est liée au nombre de reliques contenues, au nom de la personne mentionné sur un papier collé sur la poupée ou encore à sa photo ajoutée à la poupée. Pourtant, il existe une différence essentielle entre les sorciers vaudou. Ces derniers se servent de cette croyance pour exercer leur pouvoir (positif ou négatif) sur les autres : leurs victimes et les personnes qui leur apportent leur requête tandis que les orthodoxes se servent de cette croyance pour implorer un saint. Les orthodoxes considèrent que l’icône est sacrée et qu’elle permet d’intercéder auprès de ce saint tandis que les praticiens du vaudou utilisent la poupée comme un moyen d’interférer dans la vie d’autrui.

Dans ce cas, la distance sujet-réel n’existe pas et notre président à raison, il est sage d’interdire les poupées vaudou mais cette précaution est-elle suffisante ? En effet, n’importe quel photogramme peut se transformer en une poupée, vous voyez il est urgent d’interdire la photographie, cet organe d’envoûtement, il en va de la santé publique. Mais, ne nous arrêtons pas en si bon chemin. Certes, les poupées du vingtième anniversaire des Guignols de l’info sont dangereuses et que dire si elles sont associées à la photographie ! Par précaution, suggérons fortement à nos amis de la télévision de ne pas associer l’image de notre couple présidentiel à cet anniversaire. Bien sur, les vingt ans d’une multitude de poupées, ce n’est pas tous les jours... Aucun président français n’a eu une telle longévité. Mais est-ce une précaution suffisante ? D’accord, il fallait parer au plus pressé. Mais quitte à réinventer le crime de lèse-majesté, ne reculons devant aucun sacrifice et interdisons toute image officielle sauf bénédiction du sceau officiel. À un c près, on se demande d’ailleurs de quel sceau il s’agit. Dans ce cas, je trouve que certains musulmans et les intégristes catholiques ont parfaitement raison, l’image et la caricature sont impies. Dire que l’un des prédécesseurs de notre honorable président avait la condescendance de se faire appeler Dieu et d’apprécier les caricatures... Dommage, le titre est déjà pris...

Et si la photographie continuait à faire peur ? Quelque part au fond de nous-même, croyons nous comme Balzac, que celle-ci pourrait nous dérober quelque chose de notre âme ? À défaut de ressembler au réel, elle a peut-être le pouvoir de révéler le caché, le dissimulé. Dans ce cas là, si l’on a quelque chose à dissimuler, il vaut mieux’interdire la photographie... Cette interdiction rencontrera cependant un obstacle, peut-on encore l’interdire quand on sait que les machines à photographier sont omniprésentes et justifiées sous des prétextes sécuritaires par cela même qui souhaiteraient interdire l’usage de ces images. De plus, ceux-là sont bien incapables de se contrôler en ce qui concerne leur besoin d’images.

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