Le portrait, un genre pratiqué par l’humanité depuis ses origines.
Depuis le portrait de l’empereur Alexandre Ier, premier homme de pouvoir à utiliser son image comme symbole de sa puissance en passant par l’exactitude méticuleuse des portraits d’Ingres et la redécouverte du fond Harcourt dans les années 1990, l’homme a toujours voulu être portraituré ou faire le portrait de l’autre. Au-delà du premier portrait photographique réalisé par Daguerre en 1837, le portrait photographique est pratiquement né avec la photo comme en témoigne la vogue du portrait-carte (carte de visite avec un portrait) qui débute vers 1860 ; les portraitistes ambulants parcourant les campagnes dès les années 1850, plus de 100 000 portraits cette année-là, ou encore les fameux portraits de Charles Baudelaire qui, malgré sa détestation de la photographie, cet « art mécanique », c’est fait portraiturer à plusieurs reprises. Cette vogue du portrait fut extrêmement dynamique au XIXe siècle et certains historiens considèrent que 90 % des photos prises à cette époque sont des portraits.
Que demande-t-on à un photographe quand il nous tire le portrait ? quelle image souhaitons nous qu’il produise devant nous ? Un portrait qui nous ressemble ! certes, mais de quelle ressemblance parlons nous ? De la ressemblance avec l’image que nous nous faisons de nous-même ou encore de la ressemblance avec l’image que les autres se font de nous ? Dans les deux cas, il s’agit bien de deux images de nous-même, pourtant, souvent, il est difficile de trouver images plus dissemblables que ces deux images là. Dissemblance qui parle du même sujet et confirme que la photo n’a rien d’objectif.
A ces questions s’ajoutent une autre problématique : portrait privé, portrait public1 ? il s’agit toujours de portraits, mais les images attendues ne sont pas les mêmes. Le portrait public, est la juste qualification du portrait photo dans la communication d’entreprise. Portrait public à double titre car il s’agit d’un portrait destiné à une diffusion hors de la sphère familiale au profit de la sphère professionnel. Mais aussi, portrait public car les portraits des collaborateurs d’une entreprise sont destinés à sortir de l’entreprise et participent donc simultanément de son portrait.
Tous ces enjeux font du portrait un sujet sensible, car les portraits dans la communication doivent à la fois répondre à l’image que chaque collaborateur se fait de lui-même et simultanément au portrait de l’entreprise. Sujet sensible qui mérite que l’on y consacre du temps. Car le portrait est une image et une communication qui se doivent d’être cohérentes à tous les niveaux, aussi bien en interne qu’en externe, tout en étant aussi bien destiné aux marchés financiers qu’aux consommateurs... C’est pourquoi, ce sujet est pris très au sérieux outre-Atlantique. Ainsi, certains PdG américains sont prêts à consacrer deux heures de leur temps, tous les téléphones coupés pour obtenir un portrait qui réponde à ces préoccupations. On est là, bien loin de la pratique française où nombre de chefs d’entreprises imaginent que le portrait sur le vif nécessite peu de temps et peut-être volé sur leur temps…
Ces constats montrent qu’il est nécessaire, dans une stratégie de communication, de produire des images de qualité, c’est-à-dire non seulement bien exposées mais aussi véhiculant un message. Il est donc nécessaire de faire appel à des professionnels conscients de ces enjeux et capables de véhiculer une information. C’est pourquoi, à chaque problématique de communication correspond son écriture photographique. Un portrait en situation n’a pas le même rôle qu’un portrait en plan serré. Un portrait en pied ne donnera pas la même image dynamique qu’un portrait en plan américain…
Un portrait photographique mené sous forme de documentaire subjectif aura un impact différent de celui d’un portrait journalistique situé à la croisée des chemins : entre le portrait posé et le portrait de reportage. Quant à l’impact d’un portrait plasticien, il sera encore différent. La lumière, le cadrage, l’angle de vue, la composition, la vitesse de prise de vue sont autant de paramètres offrant des effets de sens dans les deux signification du terme, et donc des messages différents. Veut-on, donner une image d’« avant-garde », de « raffinement »…. privilégier la lisibilité de l’image ? l’aspect esthétique est-il fondamental ? Faut-il plutôt créer une image dynamique et humaniste ? Dans certaines problématiques de communication, le portrait peut même s’appliquer au produit.
C’est pour toutes ces raisons qu’il est possible de voir des typologies de portraits :
– Le portrait classique : portrait centré sur l’individu, les valeurs de plan sont relativement serrées ;
– Le portrait de groupe : concerne un mini-groupe de 5-7 personnes, il est notamment destiné à mettre en valeur une équipe ;
– Le portrait métier ; portraits centrés sur la personne et sur son environnement de travail ;
– Le portrait séquence ; plusieurs images utilisées en série, en conservant toujours le même cadre ou en tournant autour de la personne ;
– Le dyptique/tryptique ; association d’un portrait avec des images de genre différent (environnement de travail, outils, gestes), plus apparenté au portrait plasticien ;
– et le toujours mythique portrait à la sauvette que certains dénomment portrait volé.
Ces différentes typologies sont applicables dans des environnements distincts :
– dans le cadre de reportage sur le lieu de travail,
– installation d’un mini-studio sur le lieu de travail,
– lors d’un événement : AG, conseil d’administration, comité de direction…
Dans le cas du travail en studio, celui-ci se décline lui aussi en différentes typologies :
– le trombinoscope,
– la silhouette,
– le portrait ’’vérité’’, un concept au demeurant flou, à tel point que l’on peut se demander si ce n’est pas une sous catégorie du portrait fiction,
– le portrait fiction,
– le portrait presse qui contient la sous-catégorie : portrait d’interview,
– la griffe, Harcourt, par exemple…
Ces différentes typologies montrent bien que le portrait est un genre qui mérite réflexion.
- Le portrait, l’être là et l’être absent V2, cinquième épisode
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