L’inconnu et le connu sont-ils si différents ? Si l’on en croit notre propension à retrouver des formes connues dans cet inconnu, cela paraît peu probable. Ainsi face à une œuvre abstraite, notre premier réflexe est de nous remémorer ce qu’elle nous rappelle de notre quotidien réel ou rêvé, peu importe ; c’est pour cela que dans un nuage nous voyons un mouton ou dans une tache sur un mur, un arbre.
C’est un des axes de la culture, cette fonction de reconnaissance qui fait qu’au fin fond de la Colombie, nous croyons tout à coup être en Espagne car nous transportons nos paysages pour les reconstruire. C’est aussi l’un des fondements de la critique artistique car c’est en séparant le connu de l’inconnu que l’on va pouvoir reconnaître l’inconnu et l’apprivoiser. C’est ce même comportement qui nous fait retrouver du figuratif dans une image abstraite, et nous amène habituellement à reconnaître ce que nous voyons, et ainsi à voir ce que nous connaissons déjà.
Si nous préférons le connu à l’inconnu c’est parce que le premier nous rassure et nous permet d’apprivoiser le danger tandis que le second nous inquiète voire nous panique. Si nous recherchons des preuves de notre attirance pour le connu, il suffit de constater notre goût pour les séries télévisées et ce goût est bien la preuve de notre attirance, voire notre attirance, propension pour l’illusion de la découverte à la découverte.