Dans ces deux colonnes centrales, qui forment, de fait, une page centrale consacrée aux juristes de l’affaire Bettancourt, plusieurs points communs au traitement iconographique des deux articles de cette page sont remarquables :
– dans les deux cas, l’un des protagonistes est en civil tandis que l’autre porte la robe ;
– dans les deux cas, l’ordre de lecture des photographies est à l’inverse de celui de l’énumération des protagonistes dans chacun des articles.
En effet, sur la page de gauche, l’article « Un procureur très compréhensif avec le pouvoir » évoque d’abord Isabelle Prévost-Desprez avant d’aborder Philippe Courroye alors que la première photographie est celle de Philippe Courroye, Isabelle Prévost-Desprez venant en second.
De même, sur la page de droite, l’article « Coups de maîtres entre Metzner et Kiejman » parle d’abord de Georges Kiejman avant d’évoquer Olivier Metzner, l’ordre est donc, là aussi, à l’inverse de celui des photos. Cependant, ici, la chose se complique, car cet article, à la fin du premier paragraphe ; fait référence au « premier » et au « second ». Pour un lecteur, à quelle énumération le texte fait-il référence ? À celle du texte ou à celle de l’ordre des images identiques à celle du titre ? Certes, logiquement, c’est l’ordre du texte qui prime, mais un lecteur pressé peut se reporter à l’ordre des images. Le maquettiste induit donc, ici, involontairement une source d’erreur car, non seulement, comme dans l’article précédent, celui-ci risque d’inverser les noms et les photographies mais de plus, dans ce cas, il risque d’inverser les propos et les noms à cause de cette incohérence.
Les choix iconographiques, eux-aussi, m’interpellent. Si Philippe Courroye à l’air digne et Isabelle Prévost-Desprez portant des dossiers apparaît comme une « femme de dossier » expression valorisée par le port de la robe. Les protagonistes de la page de droite semblent beaucoup moins bien traités. Certes, Olivier Metzer porte la robe mais ne paraît pas vraiment très sérieux avec ses lunettes qui feignent vouloir choir du bout de son nez à n’importe quel instant et lui donnent un regard un peu ébahi. D’autant plus ébahi, qu’il paraît ne pas bien savoir s’il doit regarder par au-dessus ou à travers ses lunettes. Quant à Georges Kiejman, il est certainement le plus désavantagé par sa photographie. Non seulement, il ne porte pas la robe mais contrairement à Philippe Courroye, il n’a pas ce regard direct qui interpelle le lecteur. Par ailleurs, la position de ses mains, partiellement visible en bas du cadre, donne l’impression de retenir quelque chose qui risque de choir à moins qu’il ne soit entrain de pétrir cette chose... Dans ce cas, un léger recadrage serait justifié. Tous ces éléments contribuent à donner le sentiment d’un homme qui manque de confiance en lui. Nous voudrions caricaturer, nous dirions que cette image nous rappelle certains portraits de marchands de bestiaux de la France des années 1960.
Ces deux articles montrent l’importance du traitement iconographique qui énonce lui aussi un discours. Discours qui, ici, porte un jugement sur quatre personnages qui devraient être présentés avec un traitement similaire. D’autant plus similaire que ces deux articles se veulent une présentation des protagonistes et de leurs relations.