Merci Monsieur Berlusconi de nous rappeler que les images ont du sens. En cachant ce sein, vous le faites à deux reprises.
– Auriez-vous honte de cette fontaine nourricière qui vous a, par deux fois, abondamment nourris : la première, après votre naissance, ce sein, peu importe qu’il soit celui de votre mère ou celui de votre nourrice, vous a nourri et permis de vivre. La seconde, c’est en le dénudant ou plus exactement en le faisant dénuder qu’il a fait votre fortune par l’intermédiaire de vos nombreuses chaînes de télévision. Certains diront que ce sein là vous a même gavé, tellement il vous a nourri. Vous pourriez au moins avoir la reconnaissance du ventre pour ces deux seins qui ont fait votre fortune et les mettre en évidence plutôt que de le dissimuler.
– En dissimulant ce sein, vous nous rappelez aussi que les images ont du sens et que leurs titres sont loin d’être des légendes et que, par là même, ils ne sont pas surfétatoires. Cacher le sein nourricier de « La Vérité nue » de Tiepolo, quelle idée ! Certes, ce sein là ne vous a pas vraiment nourris. C’est de notoriété publique, mais plutôt que de le cacher, ce qui est la meilleure manière de le révéler comme le savent tous les spécialistes de l’érotisme, vous auriez mieux fait de l’ignorer comme vous le faîtes depuis si longtemps. L’ignorer, chose d’autant plus facile que vous en aviez l’habitude et qu’il vous suffisait de déplacer votre tribune pour que ce sein, que vous ne sauriez voir, ne soit plus dans le champ des caméras. Cette incapacité à comprendre qu’il suffisait de faire changer le point de vue des caméras pour que ce sein ne soit plus dans le champ nous révèle simultanément votre incapacité à adopter le point de vue de l’autre. Il est vrai que la compassion est quelque chose que vous ignorez fort probablement.
Vous avez voulu éviter Charybde et Scylla, une image romaine par excellence, et du coup vous êtes tombé dans le ridicule. Dans un ridicule d’autant plus grand, que l’on peut supposer que cette reproduction qui orne le mur de votre salle de presse, c’est vous ou l’un de vos proches qui l’a choisie. Tout cela, finalement, dégage l’image de quelqu’un qui n’a que peu de goût pour la vérité. Cela, on le savait depuis longtemps, mais ce que met à jour cette vérité, c’est que vous n’aimez pas plus les femmes… Il nous reste à faire un dernier vœux, que votre ridicule ne nous tue pas comme l’a fait celui de l’un de vos prédécesseurs….