Quand Messiaen affirme que sa musique est une simple transcription du chant des oiseaux et des « bruits » que la divinité a placé dans la nature, il affirme que sa musique est le miroir de la Nature et il se croit reporter au même titre que certains photographes. Sa musique en serait le miroir, un fac-similé. Par ce déni de création, il affirme sa place de créateur. Un miroir n’est jamais parfait, sa taille, ses capacités optiques : diffraction(s), déformation(s), pureté du verre (…). transforment ce qu’il reflète. Sans omettre la transformation principale du miroir : l’inversion droite — gauche.
Ce propos en fait un compagnon de Cartier-Bresson, en effet, ce dernier pourrait affirmer que sa photographie est une simple transcription de ce que la divinité a placé dans la nature. D’ailleurs, les propos de ce photographe ne sont pas loin d’affirmer que sa photographie est le miroir de la Nature. S’il ne l’a jamais dit aussi clairement, c’est probablement parce que sa photographie est très souvent urbaine et donc en cela opposé à certaines notions de nature. Cependant, quand il affirme que photographier, c’est attendre que les choses se mettent en place dans le viseur, il affirme son rôle de miroir de la Nature.
En cela, ces deux créateurs appartiennent, bien que ce courant n’existe pas vraiment, au romantique du XXe siècle qui a une fascination pour la Nature bien que les forêts évoquées dans la littérature romantique soient travaillées depuis des siècles par l’homme.
Comment nier à l’homme sa capacité créatrice, quand on sait, comme le rappel Nicolas de Cues que le fait de créer une cuillère, c’est déjà créer une forme. Il se pourrait donc que la question de la capacité créatrice de l’Homme, cache une autre question : celle de la valeur qu’il faudrait donner à cette création.