Les pommes sauvages
« La solitude qui enveloppe les œuvres d’art est infinie, et il n’est rien qui permette de moins les atteindre que la critique. Seul l’amour peut les appréhender, les saisir et faire preuve de justesse à leur endroit », écrit Rainer Maria Rilke.
Des mots qui valent aussi, peut-être encore plus, pour les jardins.
Depuis toujours, ces lieux produits par la culture humaine et par la nature, qu’on ne voit plus, souvent, que comme des espaces de loisirs, entretiennent une relation profonde avec l’homme.
Explorer le désir qui nous pousse à planter des végétaux dans un bout de terre et à l’appeler « jardin » ou à s’y livrer, ne serait-ce que le temps d’une brève balade, comme on se livre à un poème ou un roman, voilà l’ambition des éditions des Pommes sauvages.
Pour ce faire, nous donnons la parole aux jardiniers, aux écrivains, aux artistes mais aussi aux philosophes, aux historiens de l’art et du paysage, aux géographes, aux promeneurs de toutes sortes. Ceux de notre époque et ceux qui, dans le passé, ont tenté d’appréhender le jardin dans sa richesse, sa profondeur poétique, son génie.
« Il en est également qui sont parfois rouges à l’intérieur, comme imprégnée d’un beau feu, nourriture féérique, trop belles pour être mangées, pommes des Hespérides, pommes du soleil couchant ! Mais comme les coquillages et les galets du rivage, elle doivent être vues scintillantes au milieu des feuilles flétries au fond d’un bois reculé, dans l’air d’automne, ou bien dormantes dans l’herbe humide, et non pas fanées, affadies à la maison. »
Henry David Thoreau, Les pommes sauvages, 1862