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Regard sur l’image

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- Image et fiction, quels liens ?

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Narrer supposerait-il de moins expérimenter que dessiner ou photographier, la narration serait-elle plus abstraite ? L’image représente le réel aussi bien ou aussi mal que la narration, verbale. D’où vient cette légende de l’excellence de l’image et plus particulièrement de l’image photographique dans la figuration du réel et de sa déficience dans la narration ? Peut-être de sa soi-disante immédiateté, de son exemption de la périphrase.

En fait, évoquer le réel, c’est déjà construire une narration, une fiction. Fiction dans le sens où chacun d’entre nous construira une narration différente d’une même scène comme le montre tous les témoignages d’un évènement. Cependant, cette fiction n’est pas nécessairement à opposer au réel.

L’image représente tout aussi bien ou tout aussi mal le réel que le verbe ; d’autant plus que le réel est lui-même une narration car il n’existe pas ex-abrupto. En effet, pour lui donner du sens, il nous faut raconter une histoire, c’est-à-dire le transformer. Certes, cette histoire est parfois délirante comme dans le cas du mythe du complot international ou encore parfaitement rationnelle comme dans le cas des explications scientifiques, mais c’est toujours une histoire. Eventuellement, selon notre point de vue, certaines narrations du réel sont plus proche de l’expression “raconter des histoires” que de la narration d’une histoire. Cependant, pour les tenants du complot international, cette histoire décrit bien le réel.

L’image use et abuse des mêmes biais que la narration : point de vue tronqué, omission, amplification, périphrase… La différence réside dans le mode narratif, dans l’outil, elle ne fait pas appel au Verbe, le fameux Verbe du Commencement. Pourtant, même l’image fixe raconte une histoire ne serait-ce que par son aspect symbolique et comme le montre notre oeil qui parcourt l’image pour la décrypter.

© Hervé Bernard 2008