Pour répondre à la question du rôle de l’image fixe et de l’image animée dans notre vie quotidienne, il faut tout d’abord définir la vie quotidienne. Si la vie quotidienne concerne le fait de faire ses courses, d’aller à la banque (...), l’image fixe n’existant pas d’un point de vue perceptif, celle-ci n’a donc aucun rôle dans notre quotidien.
Cependant, deux objections pointent immédiatement, tout d’abord, pour aller faire nos courses, sans même les faire sur internet, nous allons rencontrer dans la rue des publicités qui sont encore, pour la majorité d’entre elles, des images fixes même si, parfois, nous les voyons défiler sur certains panneaux publicitaires ; ce déplacement n’en fait pas pour autant des images animées. De fait, cette mobilité ne les transforme pas en images en mouvement. Nous allons aussi montrer une pièce d’identité lors du payement et cette pièce d’identité contient elle-même une image fixe. De même, à la banque, outre les publicités et la pièce d’identité précédemment citées, nous allons voir sur le bureau de notre conseiller ou sur sa porte, un cartel présentant sa photo, son nom et son poste, encore une image fixe.
Pourtant, il est un autre type d’images fixes qui peuplent notre quotidien au point de les oublier pour les redécouvrir plus ou moins ponctuellement. Ce sont les peintures ou les photographies qui ornent les murs de nos résidences. Ici, peu importe que ces images soient originales ou non. Pour l’instant, toutes ces images sont fixes.
Ces quelques exemples de notre vie quotidienne nous obligent à reconnaître un rôle prépondérant à cette image fixe. Mais revenons sur notre affirmation première, l’image fixe n’existerait pas. En effet, d’un point de vue perceptif, l’image n’est jamais fixe. De plus, le déplacement de la lumière lui confère une certaine mobilité, certes, cette mobilité n’est pas synonyme de déplacement, de mouvement car elle correspond plutôt à une transformation. Cependant, cette transformation est bien en opposition avec la fixité propre à l’image fixe qui arrête, fige tout. Paradoxe, à travers cet exemple, nous sommes alors obligés de constater que cette fixité de l’image fixe ne concerne donc que le mouvement qu’elle arrête, lorsqu’elle est figurative. Il faudrait aussi évoquer la fixité de cette image dans le temps sachant qu’actuellement aucune technologie de production d’images n’est stable dans le temps. Nous avons donc là aussi une forme de transformation.
Par ailleurs, la fixité de l’image est le fruit de la technologie humaine. Certes, aux origines cette technologie est simple, certains diront même simpliste mais, remplir sa bouche avec de la boue, poser sa main et projeter avec l’aide de son souffle cette boue sur la paroi pour fabriquer une empreinte négative c’est simultanément à la fabrication de l’une des premières images, fabriquer un outil. Détourner la bouche de son usage d’orifice destiné à ingérer de la nourriture ou de l’air, c’est inventer ce qui avec le caillou et/ou l’os constitue l’un des premiers outils de l’homme.
Nous sommes donc obligés de reconnaître l’importance de cette image fixe même si elle “n’est que” le produit de notre technologie. Quant aux images animées, elles sont présentes au fond de nos yeux avant d’être le produit de notre technologie. Leur caractère indispensable est donc indéniable. L’image est le propre de l’Homme pourrait d’ailleurs être l’une des nombreuses définitions de l’humanité. De fait, l’homme est un “indécrottable” producteur et un consommateur d’images.
– Regard sur l’image,
un ouvrage sur les liens entre l’image et le réel.
350 pages, 150 illustrations, impression couleur, Format : 21 x 28 cm,
EAN 13 ou ISBN 9 78953 66590 12,
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Voir aussi :
- Images animées vs images fixes (3)