Culture numérique : une triple révolution, culturelle, cognitive et psychique
La première révolution engagée par la culture numérique est culturelle
La culture du livre est une culture de l’un, dominée par une conception verticale du savoir : celui qui sait écrit un livre pour ceux qui ignorent. Par le livre, ils accèdent à la connaissance du clerc, ou du savant. Elle est en cela inséparable du monothéisme. La culture des écrans est au contraire une culture qui privilégie les relations horizontales : son modèle est l’encyclopédie Wikipédia. C’est une culture du multiple, voire du métissage, du multiculturalisme, et pourquoi pas du polythéisme. Avec les écrans, apparaît l’idée d’une « intelligence globale » et d’un partage en temps réel des connaissances. Alors que la culture du livre se caractérise par l’association d’un livre, d’un crayon et d’un cahier par élève, la culture numérique est celle du travail en réseau. C’est pourquoi il serait absurde de vouloir introduire un écran par enfant. Les écrans doivent être d’abord un espace de co-réflexion et de co-construction dans un effort de s’écouter et de se comprendre, sous peine de se transformer très vite en outil de retrait du monde. En primaire et en début de collège, la règle doit être d’un écran pour trois ou quatre enfants, et absolument pas d’un écran par enfant. C’est dans le travail mené par plusieurs face à un seul écran que les enfants intériorisent les règles du travail en réseau qu’ils mettront ensuite en pratique quand ils se retrouveront seul face à un écran.
La seconde révolution engagée par la culture numérique est cognitive.