« Au début, on croit, on fait semblant de croire que c’est facile. Qui est Antonello de Messine ? Début à l’École sicilienne, influence prépondérante des Flamands, influence accessoire mais sensible de l’École vénitienne. Ça traine dans tous les manuels. Ça explique une première approche. Mais ensuite ? La sécheresse et la maîtrise ? Ça ne vient pas tout seul. Ça vient mal, lentement, d’une façon bâtarde... […] qu’est-ce qu’un Condottière avait à faire d’une cuirasse, puisqu’il était bien entendu qu’il était à lui seul la force ? Une cuirasse c’était un signe, trop facile, comme il eût été trop facile de le peindre selon l’idée que les Romantiques nous ont donné d’un Condottière : débraillé et aviné, genre Capitaine Fracasse ou Côme de Médicis. »
Georges Perec, Le Condottière