Regard sur l’image

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- Le clone, la victoire de la moyenne

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Le clone, un produit issu du marketing ?

Il est étrange de constater que le clonage et le marketing visent finalement au même but : le rejet de l’originalité. D’autant plus étrange que nous sommes dans une civilisation qui prétend cultiver cette fameuse originalité non seulement dans les œuvres d’art, les inventions technologiques mais aussi à l’échelle de l’individu.

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1- Le marketing vise à vendre le même produit au plus grand nombre. Pour cela, il doit concevoir des produits moyens censés répondre au désir d’une moyenne de personnes i.e une personne moyenne.
2- En effet, plus cette moyenne du désir sera calculée sur un plus grand nombre de personnes plus la construction d’une chaîne de production industrielle sera amortie.
3- Par ailleurs, afin de prendre des parts de marché à la concurrence, le produit issu du marketing devra à la fois être différents de ceux de la concurrence tout en leur ressemblant un minimum afin d’empiéter sur leurs parts de marché.

Le clone quand à lui, vise à reproduire en une quantité plus ou moins grande un être vivant qui a été sélectionné pour ses qualités. Or, quelque soit les mérites des dites qualités, on verra leur intérêt diminuer au fur et à mesure de leur multiplication.

Comment éviter le désintérêt pour un clone ?
Pour éviter un désintérêt pour les qualités d’un clone, il n’existe qu’une solution, cloner des personnes moyennes dont les qualités resteront moyennes même dans le cas de leur multiplication. En effet, cette moyenitude leur évitera d’entrer dans la catégorie inintéressante, elle évitera une dérive de la “qualité” de ce clone.

Pourquoi cloner un être moyen ? au prime abord, cela parait antinomique au désir de cloner. En effet, ce que l’on veut cloner, c’est le meilleur : le meilleur scientifique, le meilleur soldat, le meilleur financier (...) mais, la plupart du temps, leur intérêt réside dans leur rareté. Face à une problématique, cette rareté leur fait promouvoir des solutions inhabituelles parfois stupides mais quelquefois innovantes. Dès que leur qualité se trouve multipliée, l’intérêt de cette qualité chute car cette multiplication annihile l’innovation au profit de la provocation la plus incongrue qui deviendra étonnamment surprenante voire innovante et cela est particulièrement vrai dans le domaine militaire et financier. Ici, la stratégie tient une grande place et l’effet de surprise, une place encore plus grande.

Par ailleurs, pour des raisons de rentabilité bien compréhensible et les seuls à justifier des procédures comme le clonage, on va chercher à cloner un être capable de survivre si ce n’est en toutes circonstances, pour le moins dans la majorité d’entre elles. Cette notion de toutes circonstances implique paradoxalement de sélectionner des personnes capables de survivre à la moyenne de ces circonstances. Dans le domaine de la production industrielle, cette volonté de cloner une viande par exemple, pour l’originalité de son goût amènera de facto à en faire un goût moyen au profit de ce goût auparavant moyen qui deviendra alors original puisque plus rare.

Or cloner est une opération qui, quelque soit son coût, aussi minime puisse-t-il devenir, est un investissement en capital. Il n’est donc pas question de prendre de risques excessifs. Les bêtes seront donc sélectionnées afin qu’elles aient ce fameux gout moyen susceptible de plaire au plus grand nombre mais aussi qu’elles soient capables de survivre dans une moyenne de circonstances garantissant une garantie moyenne du capital.

Arrivé à ce point, on réalise que le clonage et le marketing visent à la même chose ; la domination de la moyenne sur le médiocre comme sur l’excellence au nom d’un même motif : le profit.

Sur la question de la moyenne et du clone, voir Le Meilleur des Mondes de Aldous Huxley.