Regard sur l’image

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Le Biotto et Hermann Rorschach

,  par Hervé BERNARD dit RVB

En 1895, suite à une suggestion de Alfred Binet et Henry VIctor, Rorschach devient le premier psychiatre à utiliser ses talents de peintre comme méthode thérapeutique pour diagnostiquer la schizophrénie. Il élaborera ses tests jusqu’en 1921. L’utilisation de telles images dans un cadre psychologique donnera naissances à la méthode projective.

Rorschach peut être considéré comme l’un des pionniers de l’art thérapie. Pour ses recherches, il s’est inspiré d’un jeu alors très populaire selon les sources, chez les enfants allemands ou suisse Intitulé « Biotto » il consiste à Interpréter les formes des nuages ce qui en fait un remake des jeux de Léonard de Vinci. Ses recherches s’Inspirent également de l’ouvrage Kleksographlen de Justinius Kerner, publié en 1857, qui mêle taches d’encres et versets.

Quelques années plus tard, un psychiatre d’origine polonaise Szymon Hens, dans sa thèse de doctorat sous la direction de E. Bleuler à Zurich, collecte systématiquement les réponses données par des centaines de sujets face à des taches d’encres. Au vue de ces résultats Rorschach reprend ses travaux. Cependant, à la différence de ses prédécesseurs (Hens notamment) il ne s’intéresse pas au contenu des réponses mais plutôt aux caractéristiques de ces réponses en développant un système de codage des réponses inspiré de la Gestalt.

Dans sa volonté de raffiner son matériel, H. Rorschach élabore une méthode pour créer ces taches d’encre. Cependant dans ses écrits, il restera vague sur le choix des dites planches. Après quelques années de recherche, ses premiers résultats indiquent que sur la base des réponses à ces taches d’encre, il est notamment possible de distinguer les malades schizophrènes des autres déments.

Encouragé par ses collègues et notamment par Eugen Bleuler, H. Rorschach transcrit sur le papier sa méthode et cherche un éditeur pour publier son manuscrit et ses planches. Après avoir essuyé plusieurs refus, grâce à l’intervention de son collègue et ami Walter Morgenthaler, l’éditeur médical Ernst Bircher accepte à condition de limiter le nombre de planches à 10 tout en réduisant leur taille.

Sept de ces planches sont monochromatiques et dites « noires » tandis que trois sont polychromatiques et dites « de couleur ». Cependant, dans les planches noires, il y a deux planches utilisant le rouge. Toutes les planches comportent des nuances, du gris clair au noir, de la teinte vive à la teinte pastelle.

Comment des images parviennent-elles a éveiller l’imagination et ainsi accroitre la connaissance que nous avons de l’esprit humain ?

Rorschach note lors d’entretiens que certains malades mentaux semblent répondre de façon caractéristique à ce test, et en particulier ceux souffrant de la schizophrénie, récemment identifiée par Eugen Bleuler qui fut aussi le directeur de thèse de H. Rorschach.

Les dix planches originales du test

Les taches d’encre d’Hermann Rorschach se situent à la lisière entre l’art et la psychologie, intersection qui a fortement inspirée le psychiatre et psychanalyste. En suscitant des projections par le biais de stimuli visuels, les tâches d’encre amènent le patient à créer ses propres associations visuelles qui lui révèlent des pans de son univers mental jusque là demeurés cachés.

Ces images nous plongent au cœur de la ressemblance. En effet, comment se fait-il que deux images identiques provoquent des associations différentes selon les patients ? Certes, ces associations sont notamment culturelles, pourtant des individus appartenant au même cercle culturelles feront eux aussi des associations différentes voire divergentes.