Regard sur l’image

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- L’image et la trace

,  par Hervé BERNARD dit RVB

L’une des fonctions de l’image, comme de l’écrit est de garder une trace de ce que nous faisons, nous vivons ou ressentons et même imaginons. Encore récemment, ces traces, ces récits nous les fabriquions volontairement ou nous laissions les membres de notre entourage les fabriquer pour nous. Il est vrai que, parfois, cette production se faisait plus ou moins partiellement à notre insu.

Aujourd’hui, toute une industrie se charge de les fabriquer non seulement à notre place mais, officiellement, à notre insu. Ce processus est contraire à celui de nos empreintes digitales, archivées de notre plein gré parce que nous savions devoir les donner comme garants de notre identité. Dans les aéroports, les magasins, le jour et la nuit des caméras nous filment, des appareils (téléphone, carte bleue, pass Navigo, navigateur GPS…) déterminent notre positionnement avec une exactitude inférieure à cinquante mètres, envoient automatiquement ces données et les archivent. Après traitement, ces données deviennent des informations plus ou moins anonymes sur nos trajets, leurs durées, nos habitudes d’achats…

Assemblées, elles constituent alors des images de notre vie, car elles en sont des traces, des reflets qui permettent de reconstruire nos itinéraires et nos habitudes d’achats. Elles sont alors vendues à des sociétés qui les décodent, les décryptent. Une fois ces calculs effectués, à leurs tours, elles deviennent des images revendues pour mieux nous vendre des produits et des services qui lors de leur achat constitueront de nouvelles informations, qui fabriqueront de nouvelles images qui elles-mêmes seront vendues ad libidum... Tellement bien vendues, que la RATP, la main forcée par la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) va créer un nouveau pass Navigo qui n’archivera pas ces données : le Navigo Easy qui ne peut-être utilisé pour des trajets quotidiens. Décidément Big Brother était un amateur... Il avait pensé à nous contrôler, mais il n’avait pas pensé à vendre ce contrôle. Au fait, et Velib, que fait-il de nos itinéraires, il en connaît le point de départ, le point d’arrivée et la durée ? Ce qui commence à faire des informations très précises sur nos habitudes.