Regard sur l’image

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- Image vraisemblable V2

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Le solide réalisme et le vraisemblable des photons

Le solide vraisemblable
Comme le dit Ranciere. « les matérialistes veulent du solide. Et en matière de fiction, (d’images) le solide s’appelle le vraisemblable » et quoi de plus vraisemblable que l’image comme copie du réel. La logique de la vraisemblance affirme la ressemblance de l’image comme certitude et cette même logique est un mensonge anti-artistique. En effet, si l’image selon la perspective, est identique au réel, alors, l’image n’est pas une œuvre d’art car comme le dit Nietzsche : « Heureusement que l’on a l’art pour ne pas périr du réel. »

Photons et vérité
La vérité est dans la chute des photons et la transformation des grains d’argent en images à moins que cela ne soit dans la transformation de ces mêmes photons en une succession de 0 et de 1 générées par un transcodeur analogique-numérique. C’est-à-dire la mutation,dans le premier cas, d’un signal électrique en un signal chimique tandis que dans le second cas, la succession de 1 et de 0, ce même signal électrique est muté en un signal numérique. Il est tellement plus simple de croire en la réalité physiologique et pragmatique du premier qui supplanterait le second. Pas de question, un photon égal un grain d’argent muté mais alors au nom de quoi discuter l’efficience du second ?

N’oublions pas que dans le premier cas, il nous a fallu attendre le début des années 1990 pour que la science explique le processus grâce aux accélérateurs de particules. Le mystère du premier contre la « rationalité » du second garantirait-il alors son objectivité ?

« Alors ?... »
Franco vu par Marinus, Réalisme symbolique ou symbolisme réaliste ?

Réalisme analogique vs symbolique numérique
«  Toute communication photographique semble s’inscrire dans le contexte d’une sorte de folklore binaire. En somme, il y a un mythe folklorique « symboliste » et un mythe folklorique « réaliste ». Le schéma erroné, mais populaire, de cette opposition est la « photographie d’art » versus la photographie documentaire ». Chaque photographie tend, à un moment donné de sa lecture dans un contexte donné, vers l’un de ces deux pôles de signification. Les oppositions entre ces deux pôles sont les suivantes : le photographe visionnaire versus le photographe témoin, la photographie comme expression versus la photographie comme reportage, les théories de l’imagination (et de la vérité intérieure) versus les théories de la vérité empirique, la valeur affective versus la valeur informative, et finalement, la signification métaphorique versus la signification métonymique

Tomoko Uemura dans son bain 1971
Communément appelée « La Pietà de Minamata », cette photo a été prise lors d’un reportage réalisé auprès d’une communauté de pécheurs victimes d’un empoissonnement au mercure rejeté dans la baie de Minamata par la firme Chisso Corporation devenue depuis JNC (Japan New Chisso), un important fabricant de LCD,

Quand le réalisme atteint le symbolisme.
© Eugene Smith 1971, photo extraite de son reportage sur les pêcheurs de Minamata

L’erreur serait d’identifier entièrement le documentaire progressiste et « engagé » au réalisme. Comme nous l’avons vu dans le cas de Hine, la trajectoire du plus impassible des reporters est prise dans une structure expressionniste. Une tradition ininterrompue d’expressionnisme rattaché au domaine des « faits » s’étend de Hine à W. Eugene Smith. Toute photographie qui approche un tant soit peu le statut de l’art contient les possibilités mystiques du génie. La représentation s’estompe et seule subsiste la figure valorisée de l’artiste. » [1]