Regard sur l’image

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- Nicolas Schöffer, portrait d’une oeuvre 2/2Une œuvre visionnaire

,  par Hervé BERNARD dit RVB, Jean-Louis Poitevin, philosophe, critique d’art, romancier

- Nicolas Schöffer, de la peinture au cybernétisme 1/2, Une révolution révélée

Comment travaillait Nicolas Schöffer, voilà ce que nous raconte avec minutie Eleonore de Lavandeyra Schöffer. Mais elle le fait toujours en rapportant la production de l’œuvre aux enjeux qui la portent.

Si Nicolas Schöffer revient aujourd’hui sur le devant de la scène, c’est que son œuvre rencontre enfin « son » époque. De visionnaire et avant-gardiste, elle est en train de devenir programmatique.

Ce que Nicolas Schöffer a pensé parce qu’il a su le rêver est aujourd’hui devenu le substrat de notre quotidien. Mais sans doute avons-nous perdu en cours de route la poésie infinie qui se dégage de ses sculptures et de ses inventions. Le passage d’un art basé sur le mouvement à un art basé sur la programmation du temps, la capacité à intégrer la musique aussi bien que l’écran, à associer art et science, tout, ici, nous conduit vers une pensée globale de la ville. Et cette ville, à n’en pas douter, c’est celle dans laquelle aujourd’hui nous avons commencé de vivre.

Entretien entre Eléonore de Lavandera Schöffer et Jean-Louis Poitevin autour de l'œuvre de Nicolas Schöffer, seconde partie

L’art cinétique, un art du mouvement from BERNARD Hervé (rvb) on Vimeo.

Simplement, c’est peut-être l’opposé de ce qui fut rêvé par cet artiste visionnaire qui nous advient. Car s’il a envisagé et même conçu ce que pourrait être une ville cybernétique, il la voyait comme l’accomplissement d’un désir d’art, d’un besoin spirituel, d’une propension de l’âme humaine à tendre vers le meilleur. Il n’est pas certain que la ville que nous connaissons ait ces qualités.

En effet pour Nicolas Schöffer, la ville est un lieu qui concentre en lui trois fonctions : habiter, travailler et s’amuser. La coordination des actes qu’impliquent ces fonctions, là est le cœur de la pensée de la cybernétique.

À ceci près que ce qu’il a rêvé visait précisément à modifier notre rapport à nous-même et à rendre possible, dans le mouvement même de la ville, l’expérience réelle d’une poésie multiple. Il cherchait à mettre la ville « dans » l’art, à faire de la ville l’œuvre même ou plus exactement l’œuvre absolue en tant qu’elle serait plus immense que les œuvres, étant à la fois leur cadre, le lieu de leur devenir et le principe de leur renouvellement.

L’art doit participer à l’évolution de chacun. Mettre l’art dans la ville, comme nous continuons de le faire, est en fait à l’opposé de ce que préconisait Nicolas Schöffer.

Et nous le savons, nous qui vivons dans des villes qui, pour avoir explosé en taille, continuent toujours de se chercher. Elles tanguent en effet comme des navires à la dérive entre les hauteurs des tours et les creux de la rue, les surfaces encombrées et des sous-sols où grouillent la vie des cellules souches que nous sommes devenus. Cybernétique elle l’est peut-être cette ville, mais sans doute loin de ce qui fut rêvé par cet homme qui pensait que l’art était ce qui permet à la ville de se faire plus intense, plus juste, plus belle.

- Une image irréelle ou une image qui n’est pas le réel ? Un paradoxe : de l’image fixe pour créer ou retranscrire le mouvement !

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