Saxifrage
Les saxifrages sont l’ultime étape de la rémanence et de la résurgence. Elles marquent le terrain de la rencontre de la matière urbaine et de la matière végétale. Ces plantes casses-pierres et brises-béton pourfendeuses de l’architecture brutaliste militaire ou autre ; la brise à coup de fendillements racinaires pour nous rappeler que les petits, seuls ou unis ont la force des chênes.
Les saxifrages sont des semences, des plantes en mouvement :
– en déplacement souterrain pour certaines comme les orties, elle le paraissent pour d’autres comme la sanve, ‘’mauvaise herbe’’ de la famille de la moutarde et du colza et qui a, par conséquent, développé une résistance aux désherbants OGM grâce aux transferts de gènes par les voies aériennes.
Indisciplinées, mal-aimées, les saxifrages s’épanouissent dans les caniveaux, sur les bas-côtés, à la marge. Métaphore de la société, de la résistance de l’humanité face aux épidémies et aux guerres... Elles prolifèrent dans les tiers lieux, à l’interstice de la ville nouvelle et de la ville ancienne, en bordure des chantiers, dans les fentes et failles, entre les murs et les trottoirs. Une vie à la marge et la force de fendre les murailles. Elles sont l’interstice qui se développe dans les interstices.
Plus qu’un inventaire taxinomique, c’est un inventaire esthétique mais, rien ne lui interdit, de devenir, ultérieurement, un inventaire taxinomique. Une question de rencontre comme nous le rappelle les saxifrages.
Voir aussi : - Surrection, Les Elégies de Duno, Rainer Maria Rilke