Exposition composée de 20 à 100 panneaux présentant en alternance trois photos et un panoramique d’Hervé Bernard sur le thème de l’eau, du paysage et du déchet. Ce travail est accompagné par un film de 25 mn. Ce film a été primé par le Deauville GreenAward FilmFestival 2016 : Or, catégorie Éco-Tourisme et Voyages responsables
« Tu crois que la terre est chose morte, c’est tellement plus commode, alors on la piétine. »
Aimé Césare 1969
– “This planet is not terra firma. It is a delicate flower and it must be cared for. It’s lonely. It’s small. It’s isolated, and there is no resupply. And we are mistreating it. Clearly, the highest loyalty we should have is not to our own country or our own religion or our hometown or even to ourselves. It should be to, number two, the family of man, and number one, the planet at large. This is our home, and this is all we’ve got.”
Scott Carpenter, Mecury 7 astronaut, speech at Millersville University, Pennslyvania. 15 October 1992.
L’Écume, il faut la trier afin de séparer le bon grain de l’ivraie afin de distinguer l’Écume de la soupe de l’Écume de la confiture ; l’une étant impropre à la consommation tandis que l’autre ravie les gourmands. A plus d’un égard, l’homme et ses productions sont L’Écume de la Terre. Cette écume capable d’inventer les étangs qui construisent un paysage comme celui de la Sologne et de l’autre capable de polluer l’Océan. « Mais là où est le péril, / Là croit aussi ce qui sauve. » Hölderlin
L’Écume de la Terre est une œuvre en deux volets entreprise, depuis 1993. L’Écume de la Terre II est une vidéo faisant écho à L’Écume de la Terre I, une exposition de photographies. L’ensemble forme un tout sur la question du paysage et de l’eau. L’Écume de la Terre II est issue d’une rencontre avec un lieu, un étang du Loiret, en bordure de la Sologne et de l’interrogation de ce qu’il adviendrait de ce lieu miraculeux en cas de catastrophe écologique. Ces deux volets, « présente un ensemble d’images qui montre les deux directions de notre interaction avec notre résidence afin d’éveiller notre attention, sans pour autant déclencher un sentiment d’impuissance et de frustration qui n’engendrerait qu’inaction » .
L’Écume de la Terre I est composé de photographies de reportage et de photographies construites autour d’images satellites de la Terre ainsi que d’autres photomontages. Un extrait de L’Écume de la Terre a été présenté dans le cadre du 6e Forum Mondial de l’Eau à Marseille en 2012.
Musique du Prélude : Birds par Cinema du Lyon
Musique du Premier Tableau : On dirait le Sud de Dan.digital
Musique du second tableau : On Sorcerer’s Saucer by Dean Whitbread
Cette pièce a été écrite par Dean à ma demande en s’inspirant de L’Apprenti Sorcier de Paul Dukas.
Avec ce travail sur l’avenir de la terre, développé depuis 1993, composé de photographies de reportage, de photographies construites autour de la terre photographiée par satellite ; j’essaye de constituer un ensemble d’images qui montre les deux directions de notre interaction avec notre résidence afin d’éveiller notre attention, sans pour autant déclencher un sentiment d’impuissance et de frustration qui n’engendrerait qu’inaction. Pour cela, j’alterne entre photos-alarmes et photographies illustrant une issue positive à cette tâche qui nous incombe à l’orée du XXIe siècle : prendre soin de notre maison-terre.
Je n’oublierais jamais la première fois que j’ai vu les images de la terre photographiée depuis un satellite, c’était dans Paris-Match, dans la seconde partie des années 60. Immédiatement, probablement frappé par sa beauté, quelque chose a pris naissance, cette impression de fragilité, un peu fugace au départ, mais qui s’est renforcée au fil du temps, avec la découverte, à la télévision des images filmées depuis Apollo, à moins que je ne les ai vues dans l’ordre inverse, peu importe, dans ma mémoire, ces deux instants ne font qu’un : le choc de la révélation. Ensuite, il y a « 2001, l’Odyssée de l’espace ».
Puis, cette image me frappe à nouveau et cette impression de fragilité s’en trouve renforcée. Il s’agit des images prises depuis la navette spatiale, lors de l’un de ses tous premiers vols, à nouveau la télévision. Je me souviens encore de ce moment : au premier plan la soute de la navette et le bras articulé, au fond, au loin, la terre. Et à nouveau, cette sensation de fragilité et pourtant même dans les proportions de l’image, cette sensation n’était pas logique. La navette au premier plan aurait dû me paraître fragile, j’aurais pu - du sentir la petitesse de l’homme face à cette grande chose : une planète. Eh bien, non, là encore, cette sensation de fragilité s’accroît et elle ne s’accroît pas au profit d’un sentiment de la puissance de l’humanité, bien au contraire.
La troisième fois, c’est en 1995, je suis à Washington, lors de la visite du Smithsonian Institute, la programmation de la salle Imax annonce la prochaine projection d’un film sur la terre tournée depuis Discovery. Je pénètre dans la salle, impressionnante par sa hauteur, d’un côté un mur de gradins, de l’autre un écran de plus de vingt mètres de haut : je m’installe dans les rangs, à mi-hauteur de l’image afin de bénéficier du meilleur point de vue. Je vois à nouveau ces images qui ne me sont plus inconnues mais, pour la première fois dans une pareille dimension –ce n’est pas la première fois que je vois des images d’une telle taille, j’ai fréquenté les salles géantes de Las Vegas– je les trouve toujours aussi belles mais ce qui me frappe, c’est que contre toute attente ce sentiment de fragilité est à nouveau ressenti et encore plus intensément dans cette immensité noire, j’aurais pu, dû me sentir écrasé, elle occupe 80 % de l’écran.
Depuis, il y a eu Fukushima et pire encore, l’extraction du gaz de schiste. Outre la gabegie de l’eau, absurdité totale dans un monde où l’on affirme à coup de gros titres que l’eau sera l’enjeu du XXIe siècle ; il y a cette folie qui veut détruire définitivement un biotope pour produire l’énergie qui nous est nécessaire. Mais, il y aussi l’espoir de la prise de conscience nécessaire à l’action.
L’environnement dans tous les sens du mot est au cœur de mes images car elles parlent de l’eau et du paysage. Au cœur de l’image, parce qu’un cadrage évoque bien entendu ce qui est dans l’image mais ne montre pas directement ce qui hors de l’image, c’est-à-dire son environnement, son contexte. Certes, le cadrage montre le contenu de l’image. Cependant, il omet de parler des métadatas de l’image qui constituent elles aussi un hors-champs. Hors-champs visuel mais environnement de l’image malgré tout car elles décrivent l’image.
Ainsi, ces images nous rappellent que l’eau de refroidissement des centrales thermiques, qu’elles soient nucléaires ou non contribuent au réchauffement climatique. Cependant, comme souvent quand il s’agit de données chiffrées, elle ne nous indiquent pas la part de ces centrales dans le réchauffement. Seuls des métadatas, peuvent nous donner de telles informations.
De même, ces images nous montrent bien que le béton est omniprésent. Cependant, elles ne nous parlent pas de l’eau à jamais perdue par chaque parpaing, chaque panneau de béton précontraint... En effet, la prise du ciment, passage de la consistance fluide à l’état solide, n’est que très partiellement un processus de séchage, elle est majoritairement un processus chimique de transformation par hydratation du ciment. Processus qui, fait disparaître l’eau à jamais, contrairement à d’autres matériaux comme le bois ou la terre cuite qui, lors de leur séchage, restituent leur eau à la Nature. Si de fait, le béton au cours de sa prise dégage de la chaleur, celle-ci n’est pas due à l’évaporation, elle est produite lors de la concentration en ions de ce matériau.
Depuis plus de cinquante ans, nous bétonnons et goudronnons la surface de la terre. Outre la réduction des surfaces agricoles, ce travail incessant n’est pas sans conséquences sur le niveau des nappes phréatiques. En effet, le recouvrement continu de la terre par un revêtement imperméable réduit la surface de collecte des eaux pluviales. Ces revêtements transforment un sol plus ou moins perméable en une surface parfaitement imperméable.
Imaginez que l’on revête votre corps sur près de 30 à 40 % de sa surface d’une peinture qui entrave la respiration de votre peau. C’est le début de l’asphyxie, que vos poumons fonctionnent parfaitement ou non… C’est ce que fait chaque parking, route, usine (…) car ils envoient l’eau collectée à la mer, qu’elle soit épurée ou non ne change rien à la question, cette eau est jetée à la mer. Certes, il est salutaire qu’elle soit épurée mais, c’est un fait, elle n’alimente plus les nappes souterraines. Seule la moitié du problème est résolu.
Actuellement, on assiste donc à trois phénomènes simultanés :
– une réduction des précipitations annuelles
– une modification de leur périodicité dans les régions tempérées et sahariennes,
– une réduction de la surface de collecte de l’eau qui alimente les nappes phréatiques.
De même que l’on a inventé des peintures qui laissent notre peau respirer, de même, nous devons inventer des revêtements qui jouent le même rôle que notre peau : laisser pénétrer et filtrer. Bien entendu, ces constructions outre un rôle important dans la collecte, devront être simultanément des filtres à eau c’est-à-dire, jouer le même rôle que la terre, le sable et les roches.
Le recours obligatoire sur les nouvelles constructions à des toitures utilisant des revêtements naturels : tuile ou ardoise ou un revêtement non polluant et simultanément, par exemple, imposer l’implantation d’une citerne permettant le stockage de cette eau et concevoir l’alimentation de l’eau de tous les bâtiments en liaison avec cette citerne.
Seconde étape, mettre en place, chaque fois que cela est possible, une technologie d’épuration d’eau la plus écologique possible afin de réinjecter l’eau consommée dans le circuit pour évoluer vers une consommation en circuit fermé.
Troisième étape, appliquer progressivement ces obligations sur les constructions anciennes. Il n’est bien entendu pas interdit de brûler les étapes et d’appliquer ensemble la première et la seconde étape, on pourrait même y voir une certaine logique notamment pour les industries grandes consommatrices d’eau.
L’Écume de la Terre II est un film de 30 mn primé (or) en 2016, au Deauville Green Award Film Festival
Merci de nous contacter si vous souhaitez voir ce film.
Hervé Bernard
Extrait de l’exposition
Textes et images sur le thème de l’environnement présentés sur ce site :
La consommation d’énergie