Dieu est-il une installation de télésurveillance ?
Dans un monde où la religion opère son grand retour, cet essai photographique se situe à la frontière de la photographie sociale et de la photographie artistique. Ces triptyques, outre notre rapport à l’autre, interrogent notre rapport à l’image. Cette image fondée sur la perspective optique et sur le Purgatoire, qui, grâce au rachat de nos péchés, permis l’invention du libre arbitre et par conséquent de l’individu.
De nos jours encore, malgré cette invention de la responsabilité individuelle, nombreuses sont les personnes qui vivent le religieux comme un système de mise en garde destiné à nous éviter tous faux pas. Ces caméras systématiquement disposées pour produire une image en plongée produiraient-elles une image similaire à celle du Moyen-âge ? Ainsi, nous présenteraient-elles le point de vue divin sur le monde et feraient-elles de Dieu le Grand Surveillant ?
La multiplication des interdits sous forme de panneaux de mise en garde ou d’interdiction dont le respect est assuré par des caméras de télésurveillance constitueraient-elles la nouvelle version du religieux de ce siècle dont André Malraux dit dans un de ses élans visionnaires : « le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas. » ?
Le vivre ensemble devient-t-il un surveiller mutuel tandis que le protéger deviendrait interdire au profit d’un vivre ensemble devenu un espionnage quotidien. Cette pression sociale assurant le contrôle social nécessaire pour épargner à chacun d’entre nous la question de notre responsabilité individuelle nous amenant à préférer nous protéger avec des barrières, reflets d’une société de plus en plus barricadée dans une ultime tentative de se préserver d’elle-même ?
« Protéger – interdire – surveiller » définirait-il la Sainte Trinité de cette nouvelle religion.
© Hervé Bernard
Les images présentées ne sont qu’un extrait de l’ensemble du projet.