Regard sur l’image

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- L’iconoclasme byzantinL’iconoclasme byzantin, rappels historiques

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Étymologie de basilique  : palais royal, ou bien lieu ou les sénateurs et magistrats rendent ordinairement le droict et justice au peuple). Emprunté au latin basilica (lui-même emprunté au gr. β α σ ι λ ι κ η ́ [σ τ ο α ́], littéralement « portique où siège l’archonte-roi » ; source CNTRL.

632 mort de Mahomet, le Prophète fondateur de l’Islam

692 concile in Trullo autorise la représentation du Christ afin de se souvenir (in memoria) de sa vie humaine. Cette autorisation de la représentation humaine vise aussi à mettre fin aux sarcasmes de personnes qui établissent un parallèle entre l’adoration de l’agneau pascal et l’adoration du veau d’or dénoncée dans l’Ancien Testament.

715 dépose de l’empereur Anastase II

717-718 siège de Constantinople par les Arabes

723 Les Arabes expulsent les Byzantins de l’Arménie

725 Débarquement des arabes à Chypre

727 nouveau siège de Nicée par les arabes

730 L’empereur de Constantinople, Léon III l’Isaurien fondateur de la dynastie isaurienne), interdit le culte des images du Christ, de sa mère et des saints par un édit que le patriarche Germain refuse de signer. Cet édit s’applique aussi bien dans les édifices religieux que dans les demeures des habitants de l’Empire.

1 Les « causes » de l’iconoclasme de Léon III
 718 début d’une période d’intense activité du volcan Théra couronnée par une violente éruption en 726.
 dans les circonstances très difficiles que connaît alors l’empire, Léon III «  se sent comme un nouveau Moïse, responsable de son peuple. [...] L’iconoclasme serait une catharsis initiée par l’Empereur afin d’éviter au peuple le sort jadis réservé à Israël  ».

 722 publication d’un édit qui contraint, notamment tous les juifs à se faire baptiser. Selon certaines sources cet édit aurait été proclamé suite à un mouvement messianique dirigé par Sévéros ou Sérénos, un Juif du nord de la Syrie qui proclame être une réincarnation de Moïse. Cet édit s’appuie sur les textes de l’Ancien Testament tout comme la proclamation du code d’Ecloga (Sélection) quatre ans plutôt, s’appuyait lui aussi sur l’Ancien Testament pour justifier une partie des réformes du code Justinien.

 727 On raconte que lors du siège de Nicée par les Arabes, un officier d’Artavasde, le comte de l’Opsikion, aurait fracassé une icône de la Vierge, et que les Arabes se seraient retirés miraculeusement, alors que l’ennemi avait déjà endommagé les murailles.

 La controverse relative au culte des images constitue le prolongement des hérésies sur la nature du Christ qui, au cours des siècles précédents, avaient profondément divisé l’Église orientale. Au IVe siècle déjà, Constantin avait dû réunir un concile pour condamner l’arianisme –le Fils était inférieur au Père–. Vint ensuite le nestorianisme au Ve siècle –le Christ a deux natures, il est composé de deux personnes et Marie n’est mère que de l’homme– chassé de l’empire le nestorianisme devint la principale forme du christianisme perse. Vers le milieu du cinquième siècle, ce fut au tour du monophysisme –le Christ a une seule nature et elle est divine (sa nature humaine est niée)– de s’installer profondément en Syrie, en Égypte et en Arménie. La fin du même VIIe siècle vit la querelle du monothélisme.

Icône Bizantine

740 Léon III décide de contre attaquer les Arabes après leur conquête de l’Arménie (royaume Khazars) et parce que leurs attaques redoublent en Asie Mineure. Cette reconquête est d’autant plus importante que l’Empire subit simultanément de nombreuses défaites en Italie.

741 Suite au décès de son père, nomination de Constantin V, fils de Léon III. Auparavant, depuis 720, il était co-empereur.

754 Suite au concile de Hiéreia, la pratique iconoclaste est étendue à l’Église toute entière. Ce concile proclame que la seule vraie image du Christ est l’Eucharistie sous la forme de la communion du pain et du vin.

787 Nicée II, ce concile réunit par l’impératrice Irène condamne l’iconoclasme, réfute le concile de Hiereia et proclame l’obligation de placer des images dans les lieux publics et de leur rendre un culte. Cependant, Charlemagne ne reconnaît pas toutes les clauses de Nicée II. Suite à ce concile, il fait composer les Libri Carolini qui sont publiés en 791. Si, les Libri Carolini, affirment que la destruction des icônes est une erreur ils proclament aussi que c’est aussi une erreur d’imposer leur vénération. À la fin du Concile, l’unité de l’Église est restaurée.

Juin 794 début du synode de Francfort convoqué par Charlemagne Celui-ci récuse à nouveau l’adoration des images.

815 L’empereur Léon V rétablit l’iconoclasme lors d’un synode limité à l’empire. Cependant, il admet les images situées en hauteur qui, par leurs positions, rendent difficile un culte dédié à ces images.

843 l’impératrice Théodora, alors régente de son fils Théodore III, convoque un synode, le patriarche Méthode devient le chef de l’Église après la dépose de Jean le Grammairien. Fin de l’iconoclasme avec « le triomphe de Orthodoxie » une cérémonie religieuse à Sainte-Sophie (le 11 mars). Ce triomphei est à nouveau proclamée tous les ans, lors d’une cérémonie liturgique qui a lieu le premier dimanche de carême.

2 L’icône en quelques points
L’icône orthodoxe est moins la représentation des traits matériels d’une personne que de ses qualités et de son élévation d’esprit. L’aptitude du peintre à restituer cette représentation spirituelle prime donc sur la ressemblance esthétique. L’icône a une fonction performative car elle redit la protection des hommes par les saints, le Christ et la Vierge.

L’autre spécificité de l’image orthodoxe est sa frontalité. Cette frontalité est une des manifestations du refus du caractère narratif de l’image selon la perspective. Les icônes sont des images ouvertes vers le fidèle. Cette ouverture l’incite aux dialogues avec le personnage saint représenté par l’icône. Cette relation directe en fait le vecteur de la prière du fidèle vers le Christ à travers le saint ou la Vierge qui sont alors les intercesseurs de la prière du fidèle.

L’icône se doit d’être toujours identique afin d’assurer aux fidèles qu’il a bien devant lui la personne représentée et non un simulacre qui le ferait accuser d’idolâtrie. Afin de « garantir » l’identité de cette personne (saint, Vierge ou le Christ), à partir de 843, l’icône est toujours accompagnée d’une légende qui certifie l’identité de la personne ou de la scène représentée. Cette décision est-elle une reprise des Libri Carolini ? Ces derniers parlaient de la difficulté de faire la différence entre les images de Marie et de Vénus sans les inscriptions correspondantes.


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