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Regard sur l’image

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- 1, 2, 3, promenons nous dans les dimensions ; 4, 5, 6 pendant que le loup n’y est pas... V1

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Nous sommes coutumiers de dire que nous vivons dans un monde à trois dimensions. Qu’elles sont les implications de cette définition ?

Dire que nous sommes dans un monde à trois dimensions signifie que trois grandeurs : hauteur, longueur et profondeur régissent nos mouvements dans l’espace. Cependant, cette affirmation omet une dimension fondamentale, la quatrième, celle du temps car l’espace ne peut exister sans le temps pour le parcourir. Pourtant, cette dimension est la plus contraignante car c’est la dimension de l’irréversible.

Jouerait-elle le rôle du loup dans la comptine ? Cette dimension est la seule à être indépassable. Un homme peut sauter plus haut, plus loin, se déplacer plus rapidement, revenir sur ces pas, tomber plus bas. Seul le temps ne peut-être parcouru que dans un seul sens, du moins à l’échelle humaine. Parcourir les trois autres dimensions, peut se faire à satiété ; juste une question de temps ! Décidément, ce loup est bien vorace.

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Qu’elle serait l’équivalent d’une vie a une dimension, pas de temps, juste une dimension. Difficilement définissable pour nous, s’agirait-il de la hauteur, de la longueur, de la profondeur ou encore du temps ? Que serait un temps sans espace ? Étrangement difficile à décrire car l’espace et le temps sont finalement inséparables puisque nous avons recours à l’un pour définir l’autre.

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Deux dimensions, là, on entre en terrain connu, hauteur et largeur on nous la conte (ou compte) pas celle-là ! c’est le dessin, la photographie... Certes, mais ces deux dimensions là ne font-elles pas trois ? Tout comme nos trois dimensions n’en font-elles pas quatre ? Elles n’en font pas trois car dans cette image, il nous impossible de parcourir la profondeur contrairement à la longueur-largeur même si celles-ci se transforment en hauteur-largeur.

À partir de ces notions, nous allons tenter une transposition de ces définitions au monde de l’image puisque le renouveau du cinématographe en relief nous questionne sur l’emploi indifférent des termes : relief, stéréoscopie et 3D.

Ainsi, la photographie, est-elle en deux ou en trois dimensions ? Deux est une réponse évidente mais surgit immédiatement une interrogation et si avec le temps de pause c’était trois ? Difficile à accepter, qu’elle serait alors la différence entre la photographie et le cinéma ? Pourtant, la photographie intègre, à sa manière le temps. Comment ? avec le bougé. Aurait-elle donc 2,5 dimensions ? Peut-être, mais ces 2,5 dimensions sont alors différentes de celles de David Marr. Ce bougé là est un flou mais, il est différent de celui de la profondeur de champs. Les ’’filets’’ sont là pour en témoigner.

Conséquence de nos propos précédant, le cinématographe a trois dimensions : hauteur, longueur et le temps qui est sa troisième dimension. Cependant, nous évoquions il y a quelques instants, le retour du cinématographe en stéréoscopie (ne pas confondre avec la stéréophonie). Comme Avatar nous le montre, ce terme est bien le terme adéquat, puisqu’il simule la vision stéréoscopique en projetant sur un écran deux images légèrement différentes et légèrement décalées assemblées automatiquement par le couple œil-cerveau en une image en relief. Cette image là, combien a-t-elle de dimensions ? Deux, non, le loup nous attend au coin du bois et l’inoubliable temps est toujours présent, alors c’est trois ou quatre ? Ni trois, ni quatre ne sont satisfaisants pour parler de ce cinéma. En effet, cette image n’a pas de derrière, elle a toujours une face cachée. Pourtant, cela fonctionne comme une image à quatre dimensions et c’est là que l’on est obligé de se tourner vers les explications du fonctionnement du cerveau et la fameuse 2,5 D inventée par David Marr dans ses explications du fonctionnement du couple œil-cerveau. 2,5 D qu’il aurait du nommer 3,5 car si l’œil n’intègre pas le temps, le cerveau n’omet pas de le faire ne serait-ce qu’en additionnant les vues nettes produites par l’œil pour nous donner l’illusion d’une vision nette sur un champ d’environ 120°.

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Et cette fameuse image en 3D qui, elle aussi, comme le monde réel fait quatre, où est-elle passée ? Dans l’image de synthèse affirmeront certains. Et non, en fait, ces images ne sont en 4D que lors de leur modélisation, dès que nous les visualisons, elles n’ont plus que 3D. C’est-à-dire hauteur-largeur et temps. La profondeur a disparu par la magie de l’écran.

Doit-on en conclure qu’aucune technologie ne serait susceptible de représenter notre monde. En fait, cette technique existe même si la mode de la stéréoscopie nous la fait oublier, il s’agit de l’holographie. Certes, un peu difficile à mettre en place quand il s’agit de créer une narration. Cependant, c’est elle qui apportera un véritable bouleversement dans l’industrie cinématographique. En effet, la stéréoscopie a été inventée avant la photographie alors que l’holographie est réellement issue du développement de la photographie.

Pourtant, le cinématographe n’est pas vraiment en quatre dimensions puisqu’il a inventé l’ellipse. Ellipse, impossible dans le monde réel, tant que le loup est toujours dans le bois c’est-à-dire tant que le voyage dans le temps n’est qu’un rêve. Certes, dans le cas de l’hologramme, la possibilité de tourner autour de l’objet permettrait un meilleur rendu de la narration en nous donnant le temps du parcours mais, cependant, de même qu’un cinéma qui représenterait une narration dans sa durée réelle serait terriblement ennuyeux, la narration holographique ne pourrait exister sans l’ellipse. Par conséquent, le cinématographe holographique continuerait d’être une synthèse de réel.

Force est de constater que la re-production du temps, comme des dimensions de l’espace est donc toujours imparfaite et c’est cette imperfection qui permet la création. Si l’image était une copie de la réalité (c’es-à-dire une copie de l’espace et du temps, sans ellipse de ces dimensions), il n’y aurait pas de création.

La vidéosurveillance nous le montre dans sa simplicité. Ainsi, les espions israéliens « démasqués » dans les émirats filmés avant et après leur mission par les caméras de télésurveillance ne sont des espions que si nous acceptons le récit qui les accompagne. Laissons courir notre imagination quelques instants.... Ce film pourrait être un film publicitaire financé par l’association mondiale des installateurs et fabricants de caméras de vidéosurveillance, un film de propagande de ces émirats arabes ou encore un film totalement fabriqué camouflant une opération de certains états arabes soulagés de cette disparition.

© Hervé Bernard

voir aussi, Georges Rousse, mettre à plat le monde réel