Regard sur l’image

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- Le portrait (2)« Portrait de la montée du nazisme par Marinus Kjeldgaard »

,  par Hervé BERNARD dit RVB

Ce titre aurait pu être le titre de l’exposition « Marinus et Mariane, photomontages satiriques » à la Maison du Danemark (novembre 2008) car malheureusement le travail de ce photographe-graphiste, est loin d’être satirique et semble plutôt d’un réalisme percutant, tellement percutant qu’il démontre le pouvoir de synthèse de l’image. Synthèse qui atteint parfois la prémonition dans le cas de Franco avec l’image intitulée « Alors ?... » [1]. Franco se promenant sur une corde raide avec, sous l’œil béat des politiciens européens, à chacune des extrémités de son balancier, un drapeau marqué démocratie d’un côté et dictature de l’autre . Mussolini le regardant épaté par le culot de ce bonhomme et Hitler manipulant dans ses mains, ce qu’aujourd’hui, nous pourrions interpréter comme une télécommande…

Cet éditorial résume avec une évidence fracassante l’ensemble de la carrière du Caudillo. Il montre aussi comment celui-ci, grâce à sa science de l’équilibre, a réussi à être le dirigeant qui détient le record du plus long règne de l’Europe du XXè siècle.

L’autre force de Marinus est de dévoiler le fonctionnement de l’image notamment dans « L’épouvantail des neutres » [2]. Ce portrait d’Hitler réussi à construire un portrait de ce dictateur d’une efficacité symbolique en ajoutant simplement à ce crâne, une mèche de cheveux, l’ombre de cette mèche et une moustache, même pas besoin de faire appel à la casquette. Outre l’efficacité de ce portrait qui montre comment l’œil synthétise l’information ; outre cette ressemblance physique, cette image à la vertu, si je peux oser le dire ainsi, de construire un parallèle entre Hitler et la Grande Faucheuse qui résume bien la carrière de ce personnage. Finalement, cette Vanité, vaut bien tous les tableaux de Vanité de l’histoire de la Peinture Classique. Ici, Marinus illustre parfaitement le danger de la vanité.

L’Épouvantail des Neutres
Tous droits réservés Marinus Kjeldgaard

Si j’ai intitulé cette rubrique « Portrait », c’est parce que l’ensemble de ces images est non seulement un portrait d’Hitler, toujours présent, ne serait-ce qu’en filigrane dans tous ces éditoriaux visuels mais aussi parce que l’ensemble de ces images est un portrait précis de l’aveuglement de Daladier et de Chamberlain et, par conséquent, du système politique français et anglais, je n’ose dire franco-anglais. N’oublions pas que ces images ont été publiées en première page de Marianne et donc affichées quotidiennement dans les kiosques français pendant huit ans. Cette prémonition va, jusqu’à évoquer l’homosexualité et le sado-masochisme latent d’Hitler dans « L’esprit du mal » paru le 8 mai 1940 [3].

Les montages de Marinus témoignent aussi de l’importance des liens qui unissent l’image et le texte qui, dans ce cas, se renforcent mutuellement sans recourir à une description mutuelle qui crée une redondance rarement de bon aloi. Comme nous le montre la pertinence des titres de l’ensemble de ces images, le texte peut renforcer l’image et l’image, le texte. À notre sens, Marinus est l’un des créateurs d’images du XXè siècle qui a le mieux montré l’efficacité de l’image en s’appuyant sur une dextérité technique rare. A quand, un éditorial en image de cette pertinence dans la civilisation qui se dit civilisation de l’image ?

© Hervé Bernard 2008
 Regard sur l’image, un ouvrage sur les liens entre l’image et le réel
350 pages, 150 illustrations, impression couleur, Format : 21 x 28 cm,
EAN 13 ou ISBN 9 78953 66590 12
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Le portrait (1)

Le Portrait (3)

Le Portrait (4)

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